19
Fri, Apr

Côte d’Ivoire-Burkina: Coup d’Etat de 2015, qui a envoyé Vagondo et Soro vers Dienderé?

Un rapport de la justice Burkinabé vient de mettre en évidence l’implication du chef d’Etat major d’Alassane Ouattara dans le coup d’Etat militaire au Burkina en 2015 pour maintenir le camp Compaoré au pouvoir.

 

L’information est rapportée ce dimanche par la presse française citant les conclusions du juge François Yaméogo en charge du dossier et qui se pose « la question de l’implication directe d’Alassane Ouattara dans ce coup d’État ».

En effet, comme nous vous l’annoncions vendredi en exclusivité, le media parisien Mediapart, loin des foudres et des menaces du pouvoir ivoirien, s’est emparé du dossier judiciaire burkinabé en instruction depuis 2016.

Nos confrères français qui, selon nos informations de sources proches du dossier, auraient changé le contenu de l’article initialement prévu pour être mis en ligne après les informations exclusives rapportées vendredi par KOACI, rapportent ce jour que l’instruction cible particulièrement le général Vagondo Diomandé, qui officie en tant que chef d’état-major particulier d’Alassane Ouattara depuis son accession au pouvoir.

« Son nom apparaît à la page 123 de l’ordonnance du juge, dans un long passage résumant les déclarations du général Diendéré. Celui-ci « reconnaît avoir ordonné [une] mission de récupération [de] matériel et [de] fonds à la frontière ivoirienne », et affirme avoir contacté pour cela « le Chef d’État-major Particulier de la Présidence de la Côte d’Ivoire …. Ces déclarations posent la question de l’implication directe d’Alassane Ouattara dans ce coup d’État. On imagine mal son chef d’état-major particulier envoyer de l’argent à des putschistes sans son aval : les deux hommes se connaissent depuis longtemps (Diomandé était déjà son aide de camp au début des années 1990) et le président, qui l’a rappelé à ses côtés en décembre 2013 et qui l’a promu au grade de général de division en décembre 2016, semble lui faire entière confiance. Diomandé cumule d’ailleurs les honneurs ces derniers temps : le 20 avril dernier, il a été décoré par l’ambassadeur de France, Georges Serre, des insignes de chevalier de l’ordre national du Mérite.». » peut on lire dans l’article de nos confrères paru ce jour dans lequel est confirmée notre information de livraison d’armes (« grenades lacrymogènes », ndlr) et d’argent (« valise ») au camp putschiste par un hélicoptère de l’armée envoyé mission pour récuperer le « colis ivoirien » livré par 4*4 en territoire ivoirien à proximité de la frontière entre les deux pays le 19 septembre 2015.

Plus loin dans l’ordonnance, nos confrères rapportent qu’ils apprennent « que Diendéré a en outre déclaré avoir reçu « 84 millions de francs CFA [environ 128 000 euros – ndlr] en s’adressant au Général Diomandé », le chef d’état-major particulier de Ouattara. Mais, précise-t-il, « il ne sait pas si ces fonds provenait (sic) du Président Ivoirien ». Selon lui, cet argent aurait servi à payer les hommes du RSP. Il ne s’agissait pas, a-t-il soutenu devant le juge, d’une récompense, mais d’un simple soutien financier visant à soulager les familles des militaires. » comme relevé.

« Un autre chef du RSP affirme avoir contacté Diomandé : il s’agit du commandant Abdoul Aziz Korogo, ex-chef de corps du régiment (qui a bénéficié d’un non-lieu). Lors de son audition, celui-ci a admis entretenir des relations amicales avec le général ivoirien et lui avoir demandé, au plus fort de la tempête, une aide financière en vue d’une éventuelle évacuation de sa famille en Côte d’Ivoire. Selon lui, Diomandé lui aurait répondu favorablement, en lui demandant « de trouver un répondant sur place en Côte d’Ivoire »pour « la remise de son soutien ». » poursuit le journal.

Nos confrères qui se posent la question « de l’implication directe d’Alassane Ouattara dans ce coup d’État » en écrivant: » On imagine mal son chef d’état-major particulier envoyer de l’argent à des putschistes sans son aval », rapportent par ailleurs que Guillaume Soro Search Guillaume Soro n’était qu’en mission « bien moins impliqué dans cette affaire que d’autres hauts dirigeants ivoiriens très proches du président ».

Les révélations de la presse française mettent en évidence le fait que, quand Soro parle de secrets d’Etat ce ne sont des paroles en l’air, le président de l’Assemblée nationale aurait pu « balancer » Ouattara depuis le début de cette affaire qui a soulevé nombre de polémiques l’accablant voire le salissant.

Le rôle secondaire et de « go-between » de Soro pour le compte de qui pourrait bien envoyer un président d’Assemblée Nationale, deuxième personnalité au moment des faits, commence selon la justice burkinabé, à apparaître clairement.

Dans cette affaire avec l’épisode des écoutes, celui pour qui la Cour de cassation de Ouagadougou avait opportunément annulé le mandat pour vice de forme et pour qui la justice militaire avait renoncé à le poursuivre, se sera contenté de dire qu’il était un homme de missions dont la particularité d’être taiseux est à ce jour mis en lumière.